Premier discours prononcé à la RadPride, le 12 août 2023 :

Pour le début de fierté, daddy legault a encore trouvé l’occasion de mettre des paillettes dans ses politiques néolibérales. Alors que ce gouvernement réactionnaire ose prendre de longues minutes à vanter les mérites d’un tourisme rose par lequel soi-disant Montréal est reconnue comme «inclusive et vivante qui célèbre l’ouverture à l’autre», il nous parait important de rappeler que ce sont ces mêmes charognards qui continuent d’expulser les réfugié·es (voir les luttes en cours menées par Solidarité Sans Frontières notamment celle contre la déportation de Rajvinder Kaur et Randhir Singh) et donnent pleins pouvoir aux proprios. Son nouveau projet de loi 31 en est un bon exemple. En renforçant le pouvoir des proprios et en brisant le droit aux cessions de bail, ce gouvernement de banlieusards, d’hommes d’affaires, de patriarches et d’hétéros poussent encore plus nos adelphes à la rue. On sait que parmi les habitant·es de la rue, nos communautés sont drastiquement surreprésentées, tant la pauvreté et la discrimination au logement sont des fléaux pour les anormaux·les du genre et de la sexualité et encore plus lorsque ce sont des personnes autochtones, des personnes racisées et des personnes trans.

Ce que révèle ce discours d’ouverture de fierté et l’annonce d’une augmentation de budget alloué au ministère de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, c’est l’alliance de classe qui se tisse entre les politicien·nes et les bourgeois du village. Depuis plusieurs mois, on assiste à une véritable campagne de nettoyage de classe dans le village. Les propriétaires de bar, club et terrasses – qui se font des fortunes en vendant notre culture communautaire au plus offrant – font pression sur la ville pour faire venir plus de police, plus d’autorité et plus de violence dans le village. Pourquoi? Pour chasser les itinérant·es qui y font tache. Alors que celleux-là même représentent les plus marginalisé·es de nos communautés, ce sont les proprios gay, les policiers et les politicien·nes qui chassent les itinérant·es au profit des touristes, bobos et la pléthore de bourgeois qui ont conquis l’ancien ghetto de la communauté. Le genre ou la sexualité ne seront jamais un prétexte pour être du bord des policiers, des patrons et des propriétaires, hétéro ou gay !

En s’opposant aux violences perpétrées par la bourgeoisie du village auprès de nos adelphes itinérant·es et travailleur·ses du sexe, nous nous opposons également à la nouvelle idéologie victimaire portée par la bourgeoisie LGBT+ qui a pour but de séparer les violences cishétérosexistes des réalités de classe et de race. Nous refusons de nous laisser berner par la mise en compétition des dominations que la bourgeoisie gay et celleux au pouvoir assène partout : le discours LGBT mainstream ne peut servir de prétexte et de justification au développement de politiques nationalistes, racistes et classistes ! Nous agissons pour une queerness qui réfléchit, articule et combat toutes les oppressions. Parce que la réponse aux queerphobies ne sera jamais l’assimilation au capitalisme, au racisme et à l’impéralisme, nous sommes et resterons contre la propriété privée, la prison et les frontières ! Face à la gentrification du village et aux attaques contres nos adelphes itinérant·es nous serons toujours du camp des pauvres, des opprimé·es, de toustes ceuses qui dégoûtent le bon goût de leur système cishétéropatriarcal abject.

À chaque fierté nous sommes obligé·es d’assister au show de boucane mercantile qui déguise un système ultra violent qui nous harcèle et nous attaque tous les jours en une collection d’arc-en-ciel de consommation rose jusqu’à l’abus. La machine capitaliste nous aurait-elle fait oublier pourquoi nous nous réunissons en juin et août? Avons-nous oublié les raids policiers de Stonewall et du Sex Garage? Les émeutes? Les coups de matraques? Les viols correctifs? Les briques et les molotovs? Avons-nous vraiment oublié les politiques radicales menées par les trans de rue racisées derrière les premiers mouvements de libération? Comment est-ce que leurs events aux billets à 50$ honorent-ils Rivera et Johnson? Oublient-ils les morts récents de Colorados Springs et d’Orlando? Où étaient-ils pendant les attaques fascistes transphobes à «Sainte-Catherine», «Saguenay», «Québec» ou «Montréal» depuis le printemps? Le P!nk Bloc y était! Les anti-capitalistes y étaient! Pourtant on n’y a vu ni TD, ni char de la fierté, ni owner de bar, ni slumlord! Mais où étaient-ils pour faire barrage aux flics qui harcelaient et violentaient nos camarades, surtout nos camarades transféminines? Que faisaient-ils lorsqu’une de nos camarades a été arrêtée par la police dans une manifestation écologiste ? Que font-ils maintenant qu’elle est fichée et contrôlée par le SPVM? Depuis quand les fifs, les gouines, les trans et les queerdos aiment la police? Est-ce que c’est ça la société «acceptante» promis par la CAQ et les capitalistes?

Nous refusons la récupération politique des identités non-cishétéro au profit d’une campagne éléctorale réactionnaire.

Alors que Legault vient d’annoncer l’augmentation du budget de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, lui et son arsenal conservateur continuent de donner des grosses poignées de change au réseau de haine transphobe PDF Québec ! Face à cette mascarade néolibérale et réactionnaire, refusons en bloc le récit néolibéral de la tolérance LGBT+ en visant directement l’État, la police, les banques et les fachos !

La libération queer ne peut passer seulement par l’évènementiel, la culture et les politiques identitaires, si la fête est une manifestation de joie, les manifs doivent continuer à être gaiement révolutionnaires ! Nous sommes favorables à l’action directe queer – sous toutes ses formes – car nous refusons de vivre sous un capitalisme cishétérosexiste et suprémaciste qui nous aliène et nous isole, surtout les plus précaires d’entre nous. Parce que la pride n’est pas un festival mais une émeute ! Parce que la pride n’est pas un défilé mais l’émulsion collective de nos colères ! Parce que nous ne regardons pas les chars mais les brûlons ! Parce que tant que nous vivrons sous le capitalisme, le racisme et le cishétéropatriarcat, la lutte queer ne sera pas qu’une lutte de défense des droits mais là pour brûler l’État ! La pride est une manif radicale et le restera !

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PARCE QUE NOUS SOMMES QUEER, FIER·ES ET RÉVOLUTIONNAIRES

nous nous opposons aux politiques néolibérales gay ;

nous refusons toute instrumentalisation de la queerness par les gouvernements réactionnaires, ici et ailleurs ;

nous ne croyons pas que l’État, la police et les bourgeois·ses ont un rôle à jouer dans l’accès à la dignité humaine ;

Nos fiertés ne sont pas à vendre! Nos vies sont non négociables! Nos corps, nos choix notre révolution!

Allons semez du trouble! Allons leurs rappeller que nous sommes une communauté fière, forte et enragée !