Photo de la rue Fullum bloquée par une foule et des gens qui tiennent des bannières. Sur les bannières on peut lire "Transition libération révolution", "contre la transphobie" et "queers against genocide"

Link to English version

Retour sur la contre-manifestation «Défendons la jeunesse trans»

Le 21 octobre dernier, plus de 1000 personnes ont répondu à l’appel lancé par une coalition de groupes queers et antifascistes, dont le Pink Bloc faisait partie, à contre-manifester pour défendre les droits des jeunes trans et l’éducation sexuelle inclusive. Cet appel avait été officiellement appuyé par une cinquantaine d’organisations dont des syndicats, des associations étudiantes, des associations de professeur-es, des groupes féministes, des collectifs militants, des organismes communautaires, et plus encore1.

Cette action avait pour but de bloquer la route à la manifestation organisée par le groupe transphobe et homophobe Ensemble Pour Protéger Nos Enfants en réponse à l’appel pan-canadien de la 1MillionMarchForChildren. L’agenda politique de cette marche et des groupes qui y sont associés vise la censure des questions queer et trans dans les milieux d’enseignement, l’outing forcé des jeunes trans à leurs parents par les écoles et le retrait de l’accès aux soins de santé trans pour les jeunes. Leur discours prétend vouloir protéger les enfants, mais une recherche à peine profonde témoigne en fait d’un désir de renforcer le contrôle parental sur la jeunesse et de donner aux parents la capacité de refuser à leurs enfants le droit d’être eux-mêmes et de s’exprimer comme iels le veulent. C’est la négation du droit des jeunes à l’auto-détermination, à la liberté d’expression et à la sécurité.

Dans les semaines précédant leur manifestation, des conflits politiques et personnels ont éclaté entre les groupes et les individus qui l’organisaient2, créant de la division et confusion dans leurs rangs qui a grandement diminué leurs nombres. De notre côté, on a vu une pluralité de mouvements, groupes et individus se rejoindre autour de notre combat et décider de faire front commun face à la haine et l’exclusion!

Le 21 octobre dès 9h du matin, nous occupions l’espace devant le 600 rue Fullum avec des chapiteaux, de la musique3 et de la nourriture. À 10h, nous étions déjà nombreux-ses sur place, malgré la pluie et le froid, pour occuper Fullum de Sainte-Catherine jusqu’à Notre-Dame. De l’autre côté des lignes de police, sur le bord de la rue Notre-Dame, une centaine de manifestant-es anti-lgbtq se sont réuni-es à partir de 11h, déçu-es de leur faible nombre et gardé-es à distance du point de rendez-vous prévu pour leur rassemblement.

Quoique la lutte n’est jamais finie, on peut toustes se féliciter collectivement pour notre énorme succès. On a réussi à complètement disperser les manifestant-es transphobes et à pouvoir déclarer victoire à 13h30, ainsi qu’à assurer un espace festif et sécuritaire au sein de notre contre-manif. Notre mobilisation dans les milieux communautaires et syndicaux a été sans précédent pour ce type d’action. Cela nous a donné l’occasion de créer des liens de solidarité qui vont perdurer à long terme, et de développer des stratégies et ressources pour les contre-manifestant-es qui seront indispensables dans nos mobilisations futures.

Ce fut une belle démonstration de solidarité par et envers notre communauté pour affirmer que protéger les enfants, c’est aussi protéger les enfants et adolescent-es trans, leur offrir un environnement dans lequel il-les sont en sécurité, et défendre leur droit à l’autodétermination.

Les jeunes trans sont capables d’évaluer leur situation, leur identité et leur rapport au monde et de prendre des décisions pour améliorer leurs vies, que cela plaise ou non à leurs parents. Nous sommes la jeunesse queer et trans qui s’est affirmée au fil des ans et qui s’est développée en des adultes heureux·ses dans des corps et identités qui les représentent. Personne n’a le droit de priver la jeunesse actuelle de cela.

Dans les prochains temps, nous continuerons à développer et à former des liens de solidarité, notamment avec les luttes contre l’islamophobie, à s’opposer à l’homonationalisme et au pinkwashing qui se sert des droits lgbtq+ comme d’une excuse pour justifier des atrocités4, et à se mobiliser pour la libération de la Palestine.

Bravo à toutes les personnes qui ont été là et merci à toustes celleux qui nous ont soutenu!

On espère ne pas avoir à organiser une autre contre-manifestation avant longtemps, et on se revoit dans la rue pour manifester en solidarité avec la Palestine!

– Le P!nk Bloc


Pour plus de (belles!) photos de l’événement, consultez l’album d’André Querry

Vous pouvez lire le communiqué détaillé de Montréal Antifasciste ici


  1. Liste des organisations qui ont appuyé la contre-manifestation ↩︎
  2. Voir https://ici.radio-canada.ca/rci/fr/nouvelle/2018688/identite-genre-guerre-israel-hamas-gaza pour le contexte ↩︎
  3. À la lumière de des commentaires que nous avons reçu concernant le fait qu’il y ait eu des chansons de disney dans la playlist, nous trouvons important de mentionner que nous ne supportons en aucune façon disney. Le fait de jouer de la musique copyrightée est une stratégie fréquemment utilisée pour que les livestreams de l’autre camp soient bloqués des réseaux sociaux pour des raisons de copyright. Empêcher la diffusions de ces livestreams aide à protéger nos camarades du risque d’être doxxé-es par ces vidéos. Nous appuyons l’appel à boycotter les compagnies qui supportent israël, et choisirons de la musique différente la prochaine fois. ↩︎
  4. Nous publierons bientôt un texte qui développe cette idée. ↩︎